Bonhams: Les Grandes Marques du Monde au Grand Palais
Nous sommes donc le mercredi 5 février 2014, le Grand Palais accueillera le lendemain une importante vente aux enchères organisée par la célèbre maison anglaise, Bonhams. Ainsi, je me rends donc aujourd'hui dans ce monument de l'architecture parisienne de la fin du Dix-Neuvième Siècle pour pouvoir admirer les nombreuses autos en exposition.
Une fois mon passe presse de récupéré, je file vers le fond du bâtiment...
Une fois mon passe presse de récupéré, je file vers le fond du bâtiment...
...Où je trouve de belles petites automobiles que sont cette Alfa-Roméo Giulia Super "Bollo d'Oro" accompagnée d'une Renault Dauphine Gordini 1093 et d'une Amilcar GCS.
On pouvait aussi trouver sur la même rangée, une superbe Alfa-Romeo Giulia Sprint GT Veloce dans un rare vert anglais qui, il faut l'avouer, lui allait à merveille ! Entre elle et sa cousine Giulietta se laissait admirer, une jolie Triumph TR3A Roadster. |
Rapidement, on constate que le catalogue se montre très éclectique. En effet, outre les quelques Saab mises en vente, on trouvait une magnifique Lancia Appia Sport SWB, une Renault 4CV découvrable ou une très réussie réplique de Ford GT40, mais je dois avouer avoir aussi eu un petit coup de cœur pour la petite Fiat 508S Ballila Sport Spider...
Pour ce qui est des prix, les Saab se sont échangées de 10350€ pour la 92 B, 12650€ pour la 93 et 17 825€ pour la 95 break, la 4CV a elle atteint 6900€, alors que la Lancia s'est échangée pour 71 300€ et la GT40 pour 80 500€, la Fiat, elle, n'a pas atteint son prix de réserve. Néanmoins, il est très aisé de constater à quel point la vente se trouve être éclectique. Du Land-Rover Série IIA, à la Corvette C1 en passant par la Mazda Cosmo ou par l'élégant coupé Alfa Romeo 6C 2500 Freccia d'Oro ex Howard Hawks. |
Les automobiles d'avant guerre pourtant présentées en nombre à cette vente n'ont pas suscité un grand intérêt de la part des acheteurs... Sûrement dû à l'effet de mode actuel qui tend à favoriser les automobiles des années 1950 à 1980. Ainsi, la rarissime Marlboro à vapeur ou la très jolie Panhard et Levassor X-21 n'ont malheureusement pas trouvé preneur. Ce que réussirent la Lancia Astura de 1936 partie au prix de 40 166€ et l'inconnue Métallurgique 12/15 vendue pour 26 450€.
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Par contre, certaines autos d'avant-guerre ne se voit pas touchée par cette tendance précédemment décrite. En effet, qu'elles s'appellent Rolls-Royce, Bugatti, Delahaye ou encore Voisin, on se les arrache et souvent à prix d'or. C'est le cas de ces deux Rolls-Royce, la première, une Silver Ghost Torpédo s'est vendue pour 149 500€ quand la seconde, une étonnante Phantom II Tourer pointe bateau de 1932 partait pour 138 000€.
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Dans un registre semblable, cette Mercedes-Benz 500K Cabriolet A laisser planer beaucoup d'espoir quant à son prix de vente estimé entre 2 et 2.5 millions d'euros. Néanmoins, c'était peut-être un peu trop pour les enchérisseurs. De même, la 200 Cabriolet B vêtue de blanc. Malgré tout, toute de rouge vêtue, la pimpante 300SL Roadster avec son hard-top atteignit le prix de 713 000€ alors que l'élégante 300 S Cabriolet A s'est échangée à 299 000€, j'admets grandement apprécier son bordeaux.
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Au milieu de toutes ces carrosseries lustrées et soigneusement préparées, on trouve deux autos que le commun des mortels appellerait "épave". Il s'agit d'une Facel-Vega II tout juste sortie de grange et portant encore sa poussière sur le dos, l'autre est une Mercedes 2.6 Tourer, l'une des premières de la marque à se parer d'un compresseur. Malgré qu'elles soient toutes deux dans un état délabré, elles se sont vendues à prix d'or: 155 250€ pour la Française, 184 000€ pour l'Allemande.
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Celles-ci ne sont pas présentées dans le meilleur des états, mais sont en cours de restauration, il restera à leurs possibles acquéreurs le soin de terminer celles-ci. Ainsi, aux côtés de très grosses Américaines, ces deux italiennes, une rarissime Cisitalia 202 Cabriolet ainsi qu'une Alfa-Roméo 6C 2500 Freccia d'Oro. Non loin d'elles étaient exposées les motos à vendre, j'admets une certaine attirance pour les italiennes comme cette MV Agusta, mais je reconnais l'impressionnant travail sur cette Brough Superior.
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Parlons un peu de sport automobile maintenant, notamment, du sport automobile français. On compte ainsi deux fleurons au sein du Grand Palais: Une Bugatti Type 35B ainsi qu'une Delage D6 3 Litres Compétiton Grand Prix. Un peu d'histoire dès à présent:
La Bugatti porte le numéro de châssis 37371, qui commença sa carrière en 1929 sous la forme d'une Type 37 A à 4 cylindres. Par la suite, elle fut rachetée en 1931 par le père de Jack Lemon Button dont le fils couru avec à partir de juin 1932 jusqu'à casser son moteur en septembre 1933. Il la vendit en 1934 à Alan Bainton qui réalisa le meilleur tour dès sa première course avec, à l'Easter meeting en 1935. Malheureusement, le moteur rendit l'âme une bonne fois pour toutes quelques mois après. Alors fut installé et adapté par Louis Giron, le moteur de la Type 43 de Bainton, faisant de 37371 une Type 35 B. Par la suite, l'auto changea plusieurs fois de mains, mais continuait de courir, réalisant toujours de superbes performances avant la guerre. Elle quitta l'Angleterre en 1952 pour la Californie où elle couru aux mains de Bob Estes dans de nombreuses courses historiques, mais avec une configuration alors légèrement différente, ayant repris plusieurs éléments de la Type 51 de Peter Reece, avant de prendre une petite retraite sur les pelouses des concours d'élégance. Tombée dans les mains de Neil Perkins en 2007, une longue et qualitative restauration fut engagée remettant l'auto dans sa configuration "pré-US" en conservant les modifications de Louis Giron. Vendue pour 1 610 000€. |
En ce qui concerne la Delage, il s'agit du châssis n°880003.
Elle fait partie d'un lot de cinq autos préparées par Delage pour son retour en course. Elle servit alors comme voiture d'usine de 1947 à 1949 avec succès à de nombreuses épreuves, comme le Grand Prix de Pau, les 24 heures du Mans ou de Spa. Elle est ainsi passée par de nombreuses mains mythiques, nommons Maurice Trintignant, Philippe Etancelin, Auguste Veuillet ou encore Charles Pozzi. En 1950, malgré que l'auto soit devenue obsolète face aux nouvelles voitures de Grand Prix, elle continua à courir, avant d'être vendue à Charles Pozzi qui la pilota à Oporto au Portugal. Il la conserva jusqu'en 1981 après être sortie plusieurs fois pour des évènements historiques. En 1981, elle fut donc achetée par Claude Achain avant d'être acquise par le vendeur en 2002. Vendue pour 1 092 500€ |
On poursuit avec quelques chefs d’œuvre de Touring Superleggera, j'ai nommé: l'Aston-Martin DB2/4, l'Aston-Martin DB5, l'Aston-Martin DB4 GT et l'un de mes coups de cœur, ll'Alfa-Roméo 1900C Super Sprint. La première est partie pour 184 000, la seconde pour 776 250€, la DB4 GT en raison de sa rareté et de sa récente restauration est elle partie à 1 184 500€. Plus modeste, l'Alfa s'est contentée de 143 750€ pour changer de main.
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Dans un registre tout à fait différent, cette BMW Isetta et cette Attica ont attiré des clients puisque elles sont toutes deux parties lors de la vente. La vente comptait une véritable diversité, ainsi à côté des Corvettes ou de ces microcars, on trouvait une bestiale De-Tomaso Pantera, une rare Ford RS2000 qui a tout de même atteint 138 000€ , ainsi qu'une très belle DS19 Concorde Coupé carrossée par Chapron, elle a atteint le prix de 110 000€.
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Mais une vente aux enchères sans Porsche n'est pas une vente aux enchères, ainsi, en plus d'habituelles 911, on trouvait deux superbes 356, une Pré-A et une A 1600S, les deux ont dépassé la barre des 100 000€. Plus exclusif encore, une 911 Speedster s'est échangée pour 310 500€ alors que la 962C châssis 962-006BM, malgré son palmarès en compétition et son historique connu, ne s'est pas vendue.
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Terminons par des Italiennes... D'abord, allons jeter un œil chez Maserati, on y trouve une jolie Bora jaune qui partit à 90 850€ tout de même ! A ses côtés, cette Mistral de 1966 s'est vendue pour 109 250€. L'année du centenaire de la marque se trouve peut-être à l'origine de ses importants prix.
Mais quand on dit Italienne, on pense à Ferrari, elles y sont relativement bien représenté chez Bonhams avec une élégante 330 GT 2+2 Première série, échangée pour 161 000€ mais aussi et surtout avec une 126 C4 M2 Formule 1 et une splendide 275 GTB/4 Bleue. En ce qui concerne la F1, il s'agit du châssis 072 qui s'est vendu ici pour 483 000€, un prix relativement faible probablement dû au faible palmarès de l'auto en compétition. Néanmoins, la 275 GTB/4 n°10905 qui trône tout près est d'une classe supérieure. Effectivement, certifiée Ferrari Classische et matching numbers, portant un blu Nart magnifiquement lié à un intérieur crème. Le tout ayant été finement restauré l'an passé et dont l'historique est connu, a tout pour devenir la plus chère 275 GTB/4 Berlinetta du monde, c'est ce qu'elle fit avec un prix de vente de 2 218 333€. |
Voilà, le soir tombe sur le Grand Palais, il est maintenant temps de filer vers les Invalides pour assister à la vente de RM Auctions. Je reste encore impressionné par la qualité, la quantité et la diversité d'autos présentées à la vente dans ce sublime lieu. Néanmoins, j'espère que la bulle spéculative naissant de l'automobile de collection ne tiendra plus très longtemps encore car nombreux sont les passionnés qui voit s'envoler leurs "rêves de gosses" au fur-et-à mesure que la cote des autos grimpe. En attendant, si vous voulez prendre connaissance de la totalité des autos, motos et objets qui étaient proposés à la vente, le catalogue est disponible ici, alors que les résultats se retrouvent ici, car je m'en excuse, mais je n'ai pu traiter de toutes les autos présentes, j'en oublie probablement de très intéressantes. En tout cas, j'en serai en 2015.
Loïc MASCHI