RM-Auctions aux Invalides
Nous sommes toujours le mercredi 5 février 2014 alors que je sors à peine de l'exposition des véhicules qui seront vendus par Bonhams au Grand Palais dès le lendemain. C'est donc par la vente aux enchères de la maison américaine RM-Auctions que je clos ma journée. C'est le soir de la vente, costumes, robes, champagne et petits fours sont donc venus en masse pour assister au spectacle en ce frais soir de février. Sauf que ce pour quoi tout ce beau monde est présent, c'est bel et bien pour les superbes automobiles qui vont se vendre d'ici quelques minutes à qui donnera le plus cher.
Qui dit vente aux enchères, dit art. Ainsi soit-il, cette Lamborghini Countach Koenig (si si, c'en est bien une), sera le premier lot à passer sous le marteau de Max Girardo. Cette œuvre d'art datée de 2007 est donc issue des mains habiles de l'artiste Benedict Radcliffe, vêtue de orange, cette sculpture reprenant les lignes typiques de la Countach s'est finalement vendue pour 93 600€, soit, aux alentours du milieu de son estimation.
On passe ensuite à la vente d'une Alfa Romeo Giulia Super 'Polizia', il s'agit en réalité d'une réplique des célèbres véhicules de la Police italienne des années 60 à 70. Cette petite merveille est une actrice, eh oui, elle a figuré dans Piazza Fontana, en 2012, ce qui lui vaut alors d'être vendue pour 28 000€, soit, plus que son estimation haute, de 20 000€. Restons de l'autre côté des Alpes avec les ventes de ces beaux cabriolets que sont les Lancia Aurélia B24S Pininfarina vendue pour 308 000€ et Alfa Romeo 2600 Spider Touring vendue pour 81 200€. |
Une transition toute trouvée pour parler de cette magnifique Mercedes 300SL Roadster toute de noire vêtue dont l'habitacle se pare d'un délicieux cuir marron clair, sortant à peine de restauration, l'auto se vendra pour 823 000€.
Roadster toujours, cette Austin-Healey 100-6 BN4 changera de mains pour 36 400€ tandis que la Porsche 911 E Targa venue tout droit des États-Unis s'échangera à hauteur de 47 600€. |
Toujours, dans la même salle, on trouvait une Ferrari 365 GT 2+2 vêtue de blanc, une Dino 246 GT, une jolie petite Alfa Romeo Giulietta ainsi qu'une élégante Citroën DS21 Cabriolet Chapron, ce quatuor atteindra alors respectivement 117 600€, 170 000€, 21 280€ et 130 000€ pour la DS qui n'atteint pas son prix de réserve.
Quant à cette splendide Alfa-Romeo 6C 2500 Super Sport Coupe Touring, c'est au prix de 358 400€ qu'elle partira. |
Mais cette vente compte parmi ses plus importants lots, sept merveilles de sport automobile issues d'une très célèbre collection australienne, celle de Peter Harburg. Sont ainsi proposées de pures compétitrices allant de l'Aston Martin DB2 à la Jaguar Type-D, toutes plus belles ou bestiales les unes que les autres, de quoi faire rêver tout passionné d'automobile s'intéressant un tant soit peu à son histoire et à ce que la course a représenté pour son évolution.
Commençons alors par parler d'une Ferrari étonnante tant par ses caractéristiques que son histoire, voire par son prix de vente... Il s'agit d'une Ferrari 750 Monza Spider, du châssis 0498M pour être précis. Dans les grandes lignes, c'est une barquette Ferrari comme une autre, sauf que la 750 Monza cache dans ses entrailles, non pas un V12, un V8 ou un V6, mais bien un quatre cylindres en ligne ! Et pourtant, l'efficacité de ce modeste moteur permettant un poids tout aussi contenu valu de nombreuses victoires à cet exemplaire. Née en 1955, cette Ferrari fut achetée neuve par Chinetti Motors et portait une peinture blanche accompagnée d'une bande bleue de calandre. Tout de suite, elle écuma les circuits américains, commençant par les Douze Heures de Sebring en mars 1955 qu'elle termina en cinquième position. L'auto fut ensuite rapidement vendue à George Tilp, qui plaça le légendaire Phil Hill derrière son volant et qui allait offrir à 0498M, un certain palmarès, les victoires se succédèrent, de même que les propriétaires et pilotes à son volant, on a ainsi pu retrouver derrière celui-ci, Paul O'Shea ou encore un certain John S. Smith, si ce nom ne vous dit rien, c'est normal, ce pilote n'a jamais existé. Il s'agissait en réalité de Stirling Moss qui contribua à la victoire de l'auto à Mansfield en 1957. Elle continua ensuite sa fructueuse carrière sur les circuit avant d'être entreposée dans une grange du Texas avant d'être sortie de là par Rick Grape en 1994, qui vendit la voiture à Terrence Healy qui entama une profonde restauration qui s'est poursuivie sous la propriété de M. Harburg. Celui-ci fit alors reconstruire une carrosserie neuve au vu de l'état de l'ancienne aussi exposée aujourd'hui. Proposée dans un état magnifique, cette Monza s'échangera au prix de 1 960 000€ ce soir. |
Continuons avec un autre quatre cylindres, mais à plat cette fois. avec cette rutilante Porsche 904 GTS, la seule et unique à avoir été peinte dans cet élégant Irish Green. Un modèle rare qui a eu une belle carrière en course.
Celle-ci, 904-045 n'échappa pas à la compétition, effectivement, livrée neuve en Angleterre à Richard "Dickie" Stoop déjà vainqueur au Mans avec Frazer Nash dans sa catégorie. L'Irish Green fut rapidement inscrite à diverses courses outre-manche, où elle fit des résultats modestes, mais toujours corrects, notamment une deuxième place au Tourist Trophy de Goodwood en 1964. Après la mort de Stoop, l'auto partit direction l'Amérique où elle fut entretenue et pilotée par un fervent collectionneur de Porsche. M. Harburg a achetée la voiture en 1997, l'a inscrite à de nombreux rallyes historiques avant de lui faire subir une profonde restauration. Une restauration si bien menée que l'auto atteindra un prix de 1 288 000€. |
Toujours du côté de Stuttgart, RM-Auctions mettait aussi en vente cette 917/30 CAN-AM Spyder et cette 956 Group C Sports-Prototype. La première, dont le châssis: 917/30-005 fut monté en 1973 mais l'auto ne fut finie qu'en 1979, ainsi, elle ne possède pas de palmarès en compétition. Peut-être que bien qu'elle soit certainement la meilleure 917/30 à avoir été montée, ce manque d'historique sur les circuits n'a pas assez attiré les collectionneurs. Elle atteindra donc les 2 000 000€, mais pas son prix de réserve.
La seconde, 956-004 est une part de l'histoire de Porsche. Effectivement, elle a contribué au triplé mythique de Porsche aux 24H du Mans 1982 en s'inscrivant à la troisième place, elle finit aussi seconde des 1000km de Spa la même année. Cet exemplaire usine a ainsi été piloté entre autres par Derek Bell, Jürgen Barth ou Jacky Ickx. Par la suite, utilisée souvent comme voiture caméra en course jusqu'à 1984, elle termina sa carrière chez Porsche comme véhicule de tests de résistance avant d'être reconstruite et vendue dans les années 1990. Elle partira ce soir pour 2 352 000€. |
Cette superbe Aston Martin DB2 de 1950 est la treizième DB2 à sortir de l'usine de Newport Pagnell. Vêtue de bleu et de rouge, cette petite beauté est en réalité une bête de course. Ce châssis, le LML/50/13 a ainsi participé à la course inaugurale des célèbres 6h de Sebring qu'elle termina à la quatrième place de sa catégorie. Cet exemplaire couru jusqu'à 1960 avant d'être remisée puis retrouvée et qualitativement restaurée. Elle se vendra pour 364 000€.
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Toujours en provenance de la collection Harburg, cette Lola T70 Mk IIIb porte les mythiques couleurs de Sunoco. Il s'agit alors du châssis SL-106 qui fut achetée en 1969 à Sbarro par Chuck Parsons, faute d'archives, on ne sait pas à quelles courses l'auto prit part durant sa carrière, mais après un accident en 1971, elle fut longuement entreposée jusqu'à sa restauration en 1999. Elle sera adjugée ce soir pour 168 000€, peut-être entendrons nous crier son V8 Chevrolet dans les Hunaudières au Mans Classic 2016...
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Le clou du spectacle pour cette collection est, il faut l'avouer, cette Jaguar Type-D. Une auto qui représente tout un pan de l'histoire de la marque anglaise, avec son six cylindres en lignes, elle a tout gagné, du Nürburgring au Mans (1955, 1956, 1957), ce, aux mains de talentueux pilotes. Cet exemplaire en particulier, le châssis XKD 520 a été acquise par Bib Stillwell en 1955, donc, en Australie où, tout de suite, elle gagna de nombreuses courses, dont le Bathurst Road Racing Championship en 1956. Sa carrière sportive fut ainsi fructueuse jusqu'en 1962 quand, cédée à Ash Marshall, elle fut remise en état. Par la suite, l'auto changea plusieurs fois de propriétaires et passa notamment entre les mains de Richard Attwood, futur vainqueur des 24H du Mans. Ce, avant d'être récupérée par Chris Keith-Lucas qui lui fit subir une profonde révision avant de la remettre à M. Harburg.
Vue comme l'"une des meilleures Type D client encore existante", XKD 520 se verra adjugée en ce 5 février pour la modique somme de 3 696 000€, en faisant le record de cette soirée. |
Revenons-en à notre très chère France, elle qui fut pendant des années, terre mère de la compétition automobile. Ce, avec cette à la fois splendide et bestiale Gordini Type 24 S. Portant le numéro de châssis 36, cette barquette est l'unique création du sorcier destinée à la catégorie Sport 3 Litres. Effectivement, bien que Gordini avait un certain talent dans la préparation de petits moteurs, il était apparemment tout aussi bon dans la préparation de huit-cylindres en ligne, en fait, plutôt dans le montage bord à bord de deux quatre-cylindres. Née en 1953, cette jolie bleue n'offrait que 220 chevaux mais fut engagée au Mans ainsi qu'au Tour de France de la même année, un long rallye qu'elle remporta par ailleurs entre les mains de Jean Behra. Par la suite, elle conue en 1954 quelques déboires, y compris à la Carrera Panamericana mais fut toujours réparée, si bien qu'elle pu s'offrir la victoire aux Coupes du Salon à Montlhéry en fin d'année, toujours pilotée par Behra. En 1955, alors que sa puissance passait à 260 chevaux, l'auto participa aux Mille Miglia où elle abandonna. Vendue ensuite à la romancière Françoise Sagan pour couvrir les dépenses de l'usine Gordini, puis acquise par José Piger en 1958, elle participa à quelques courses de côte puis ne changea plus que deux fois de mains avant de trouver celles de l'actuel propriétaire en 1997. L'auto ne sera pas vendue ce soir, n'atteignant pas son prix de réserve avec un beau 2 500 000€ tout de même. (retrouvez là en vidéo mise en scène par RM-Auctions: ici)
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Elle aussi de bleu vêtue, cette Delahaye 135 S de 1936 a un historique limpide. Le châssis 47187 de ce modèle souvent victorieux en son temps a ainsi connu une belle saison en 1936 avec une victoire aux 24H de Spa Francorchamps.
Après plusieurs changements de propriétaires et de carrosserie, elle fut conservée 40 ans par Charles Sadovan. Le propriétaire actuel en prit possession en 2005 et lui rendit sa forme de 1937 par l'intermédiaire de la Carrosserie François Cointreau. L'historique de 47187 est tel que l'auto se vendra ce soir pour 1 008 000€. |
Rarissime Alfa-Roméo que voici, une 179B Formule 1 de 1980. Ce châssis 04 a ainsi un certain palmarès en compétition avec par exemple une cinquième place au Grand Prix d'Argentine aux mains de Bruno Giacomelli. Elle se vendra 168 000€.
A ses côtés, on trouve une Rondeau M482. Porteuse du châssis 001, elle a participé cinq fois aux 24H Du Mans dans la catégorie GTP de 1983 à 1987 et fut alors exposée au Musée des 24H. Elle s'échangera pour 212 800€ |
Continuons avec les V8 et notamment avec celui surgonflé de 1 100 chevaux de cette Cobra Weineck 780 CUI, l'une des quinze fabriquées. Apparemment trop puissante, elle ne se vendra que pour 61 600€...
Cette Mustang aux couleurs de Ford France a été préparée pour les courses historiques, n'ayant fait que peu de kilomètre depuis sa préparation terminée, elle est comme neuve et s'échangera pour 67 200€. |
Parlons un peu d'avant guerre... Cette Bugatti Type 40 Roadster de 1930 est l'une des treize survivantes de son espèce. Elle fut restaurée il y a une vingtaine d'année mais reste en superbe état, elle sera adjugée pour 252 000€. A ses côtés, une sublime Jaguar SS100 Roadster récemment restaurée dans sa couleur crème d'origine atteindra un enchère de 275 000€, pas assez pour son propriétaire qui repartira avec. Une autre merveille d'avant guerre que cette Alfa-Romeo 6C 2500 Cabriolet by Gebrüder Tüscher of Zurich de 1939. Celle-ci conserve encore moteur, carrosserie et châssis d'origine, si bien qu'elle s'échangera pour 296 800€. Toute de bleu vêtue, une Lagonda V12 Drophead Coupé. Ce châssis, le 14050, n'a eu que quatre propriétaire et conserve encore, comme l'Alfa-Romeo, tous ses éléments d'origine. Elle partira ce soir pour 252 000€. Enfin, on trouvait aussi ce soir une rareté que représente cette Horch 853A Sportcabriolet numérotée 854402. Datée de 1940, elle atteindra ce soir l'enchère de 575 000€, mais pas son prix de réserve. Au fond, une superbe Lancia Flaminia 2.8 Supersport Zagato, elle partira pour 201 600€.
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Véritable coup de cœur pour moi que cette Lamborghini Miura P400 S(V) de 1971. Ancienne propriété du rockeur anglais Rod Stewart, la belle italienne est donc une conduite à droite. Elle a été récemment restaurée aux spécifications SV pour ce qui est de la carrosserie et du châssis, mais néanmoins pas du moteur. En résulte un superbe exemplaire à qui le bleu va à merveille et dont l'historique est limpide, le tout lui offrira une vente à 520 800€.
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Revenons avec notre cheval cabré avec notamment un très bel exemplaire de F40. Ce dernier a roulé plus de 50 000 km et est ainsi vendu avec un beau carnet d'entretien pesant près de 50 000€. Cette rare version non catalysée à suspension non pilotée et à baquets en cuirs, se vendra ce soir pour 515 200€.
Plus exclusive encore, cette 599XX, l'une des 29 produites, n'a parcouru que 600km au compteur et se trouve être prête à rejoindre les pistes. Elle n'atteindra malheureusement que 675 000€ au marteau, ne lui permettant pas de changer de main ce soir. |
Toute aussi violente, cette Lancia 037 Group B de 1983 est l'une de celles qui ont permis à Lancia de rafler le titre de champion du monde des rallyes au détriment d'Audi. Cet exemplaire a donc été pilotée au Rallye de Corse aux mains de Jean-Claude Andruet, malheureusement, elle dût abandonner. Elle a ensuite obtenu deux cinquièmes places, respectivement aux mains de Bettega et de Airikkala. Achetée à la fin de sa carrière par un français, l'auto participa plusieurs fois au Tour Auto dans les années 1990 avant d'intégrer une collection italienne. Elle ne changera pas de mains ce soir, mais atteindra l'enchère de 360 000€.
A ses côtés, on trouve une rare Lancia Delta HF Integrale Evolution 'Verde York'. Issue d'une série limitée à 200 exemplaires ce très bel exemplaire a complétement été restauré en 2011 lui assurant ce soir un prix de vente de 72 800€. Enfin, dans cette lignée italienne, on peut aussi observer une Ferrari 365 GT4 Berlinetta Boxer de 1974, totalement d'origine, hormis sa couleur (celle-ci ayant été livrée en Argento par l'usine). Elle s'échangera pour 187 600€. |
Deux automobiles des plus élégantes que ces Alfa-Romeo 1900C Sprint Touring et Aston-Martin DB2/4 MkIII. La première portant le châssis 01020 daté de 1952, a été entièrement restaurée et a depuis gagné lors d'un concours d'élégance. Ce soir, elle trouvera un nouveau propriétaire pour 196 000€.
La seconde, accuse un historique connu et une superbe combinaison de couleur liée à une belle restauration. Elle se vendra pour 207 200€. |
Portant pour l'occasion ses numéros de course d'époque, cette Alfa Romeo 6C 2500 Sport Cabriolet par Pininfarina peut être considérée comme une petite merveille. Elle s'échangera ce soir pour 280 000€.
De son côté, cette Mercedes-Benz 600 'Six Door' Pullman Landaulet a créé la surprise. Après être restée trente ans enfermée dans une grange, cette limousine bourrée d'option estimée entre 80 et 120 000€ se vendra finalement 537 600€. |
Terminons ce reportage avec ces deux 'modernes'. D'abord, parlons de la fameuse Bugatti Veyron '669', elle qui fut première Gran Sport livrée en France atteindra 850 000€ mais pas son prix de réserve. Quant à cette Peugeot 908 portant le châssis 05, elle a finit deuxième au Mans 2008 et a ensuite gagné deux courses aux cours des Le Mans Series et réalisé plusieurs records du tour en piste jusqu'à sa retraite en 2010. Elle ne se vendra pas, malgré une enchère de 1 400 000€.
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Voici pour cette belle vente aux enchères parisienne, l'une des trois ventes de la semaine. On peut dire d'elle, rien qu'avec la collection Harburg, que ce fut une réussite. Malgré tout, n'ayant pu pour ma part n'être présent que le soir de la vente, je n'ai pu réalisé tant de photos que je l'aurais voulu. Néanmoins, vous pouvez retrouver la liste complète des véhicules proposés ce soir ainsi que leurs caractéristiques, historiques et prix ici.
Loïc MASCHI