Salon Retromobile 2014 (Paris Porte de Versailles)
Cette semaine du 5 au 9 février 2014 était évidemment très chargée en matière d'anciennes. Ainsi, j'ai choisi de clore celle-ci par la visite du salon Rétromobile, ce, juste après avoir assisté à la vente d'Artcurial au sein de ce même salon. Je m'apprête donc à partir pour 44 000m² de belles anciennes !
Tout proche du stand Artcurial donc, le stand Peter Wiesner est fidèle à lui-même, avec une grande qualité au niveau des véhicules exposés.
On trouve alors une superbe Dino 206 S, le châssis #016, qui sort de restauration, loin est sa carrière en course de côte qu'elle menait de main de maitre dans les années 1960. Près d'elle, une très belle Fiat Balilla Copa D'oro, elle aussi de rouge vêtue. |
Autre merveille présente sur ce stand, mais cette fois vêtue de bleu, cette Bugatti Type 59/50B III. Il s'agit du châssis #441352, à l'origine, celui d'une Type 59 de 1933 qui a donc été recarrossé et remotorisé en 1936, devenant une 59/50B. Par la suite devenu BII en 1937 en passant au moteur 4.5L et BIII en 1938 en adoptant les spécifications 3L. Cette auto superbement restaurée est donc l'une des dernières Bugatti de Grand-Prix.
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Toujours chez Peter Wiesner, une superbe Maserati Tipo 60/61 Birdcage "Streamliner" châssis 2451. Il s'agit donc à l'origine d'une Tipo 60 de 1959 qui gagne sa première course aux mains de Stirling Moss à la Coupe Delamare Debeauteville à Rouen la même année. En novembre, elle est convertie en Tipo 61, une configuration avec laquelle elle participe à plusieurs courses entre 1959 et 1960, malgré tout, toutes se terminent par un abandon de la Maserati, que ce soit à Nassau aux mains de Caroll Shelby sur casse du quatre cylindres, ou aux 1000km de Buenos Aires avec à son volant Gurney et Gregory. Elle abandonne aussi à la Targa Florio en Août 1960 avec Vaccarella et Magioli, avant d'être convertie en "Streamliner", adoptant donc une carrosserie plus aérodynamique en vue des 24H du Mans 1960. Malheureusement, cette course se finit sur abandon pour la cage à oiseaux blanche et bleue. Elle participe ensuite à l'Oldtimer GP au Nürburgring en 1977, avant d'être remisée en 1988 au Rosso Bianco, un musée italien. Restaurée en 2000, elle a depuis participé au Mans Classic en 2002.
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JD-Classics propose tout proche, une superbe Ferrari 275 GTB accompagnée d'une Lamborghini Miura P400 SV. Mais j'ai un coup de coeur pour cette Ferrari 225 S Berlinetta par Vignale. Enfin, on constate une belle Jaguar Type-C dans un original doré métallisé. Il s'agit en fait d'une voiture que Fangio a achetée en 1952 pour courir avec, néanmoins, il la revendit vite puisqu'il se voit engagé chez Maserati, il n'a donc jamais couru avec XKC018.
On trouvait aussi sur le stand une étrange Jaguar XK120 "Bubble car" de record, néanmoins, je n'en n'ai pas de photo correcte. |
Tout près, le stand Fiskens est tout aussi bien fourni. Placée sur une estrade, une Jaguar Type-D, plus précisément le châssis XKD545. Cette dernière a été construite par Jaguar en 1955 fut vendue comme voiture client en 1956.
Tout de suite, elle fut inscrite aux 12 Heures de Sebring, où elle dut abandonner. Néanmoins au Grand Prix de Watkins Glen, l'auto fut amenée à la victoire par George Constantine. Restaurée, elle est superbement présentée aujourd'hui. |
A ses côtés on avait le droit d'admirer une Williams FW07C/D châssis FW07D-16. Celui-ci a couru six courses en 1979 aux mains d'Alan Jones qui lui offrit trois podium et une victoire au GP des USA. Autre reine des courses, cette Talbot Lago T26 GS fut pilotée par Louis Rosier et Juan-Manuel Fangio lors des 24 Heures du Mans 1951 au cours desquelles elle devra déclarer forfait. Elle couru ensuite sous une autre carrosserie à Monaco en 1952.
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Terminons notre visite chez Fiskens avec deux anglaises, d'abord, une rare Invicta 4.5 Litre Low-Chassis S-Type de 1932, le châssis S106. Tout aussi anglaise, cette Lister Jaguar Costin, châssis BHL3, a d'abord gagné deux fois à Snetterton en 1958 avant d'être accidentée à Spa et être reconstruite avec les spécifications Costin. Elle participe ensuite aux 24H du Mans où elle abandonne. Aujourd'hui restaurée à sa configuration d'origine, elle est prête à courir. Sublime elle aussi, une Bugatti Type 46 S de 1930 était aussi visible sur ce stand de qualité.
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Sur le stand de Movendi, je remarque cette auto bariolée de peintures de guerre. Il s'agit d'une O.S.C.A. MT4 1500, plus précisément du châssis 1142 ayant participé à la Carrera Panamericana de 1954, course durant laquelle il dut abandonner sur casse de son moteur Maserati.
Tout près, une Ferrari 250 GT Boano Elena portant le numéro de châssis 0865GT. Enfin, on remarque aussi une belle BMW 507 qui fut exposée au pavillon munichois de la marque en 1958. |
Sur le stand que Bentley et Bugatti se partagent, on trouve d'abord le concept car de la Veyron, l'EB 18/4 (pour dix-huit cylindres et quatre turbos) présentée à Tokyo en 1999, ensuite renommée EB16.4 après l'adoption du moteur définitif de la supercar. La Bentley est plus ancienne, il s'agit de la 3 Litre qui a gagné les 24H du Mans en 1924, il y a tout pile 90 ans, soit, le châssis 582, celui qui marque la naissance des Bentley Boys.
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Sur le stand de la Carrosserie Cointreau, je me retrouve né à né avec une Maserati 200S, j'aimerais bien en dire plus à son propos, mais je n'arrive pas à trouver la moindre information sur elle. Néanmoins on se réconforte avec cette petite O.S.C.A. MT4 1500 bleu clair.
Toujours chez O.S.C.A, mais juste à côté sur le stand de la Galerie des Damiers, cette 1500 TN Simpson Special de 1955. Cette dernière a couru sur le Lac Salé de Bonneville de manière à parcourir dix kilomètres à la moyenne de 261km/h. |
Du côté des constructeurs, Porsche nous présente outre sa nouvelle 911 GT3, une 550 Spyder, le châssis 550-012, celui qui a gagné dans sa catégorie aux 24 Heures du Mans 1954 et 4ème au général à la Carrera Panamericana de la même année. On trouve aussi une GT1 aux couleurs de celle qui a gagné au Mans en 1998, mais qui n'est pas cette dernière. Enfin, pièce maitresse de ce stand, la 917 châssis 917-053, c'est à dire celle qui est arrivée première aux 24h du Mans de 1971. On a donc ici trois reines d'endurance.
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Très bien présenté, le stand Mercedes est placé sous le signe de la course avec dans l'ordre: une Mercedes 115 PS Grand Prix de 1914; une Mercedes Benz W196 R 'Stromlinie' ou 'Streamliner' connue pour être l'une des seules formules 1 jamais carrossées; une Sauber Mercedes C9, celle qui a finie à la seconde place, derrière sa coéquipière, aux 24 heures du Mans 1989; une McLaren Mercedes MP4-15 qui gagné au Grand-Prix de France à Magny-Cours en 2000 aux mains de David Coulthard. Une Classe C Coupe DTM était aussi présente.
Toujours chez la marque à l'étoile, Classic Sport Leicht présente cette semaine deux 300SL, mais surtout l'unique CLK-LM de route et la CLK-LM châssis numéro 5, championne du monde du championnat FIA GT de 1998. |
Voici maintenant la star du Salon, la Ferrari 330 P4 #0858. Présentée pour la première fois sous sa forme originelle avec une nouvelle carrosserie, remplaçant alors celle de Can-Am qu'elle portait depuis les années 1970, cette auto fait débat quant à son authenticité. Néanmoins, l'auto reste celle qui a gagné lors du quadruplé Ferrari aux 1000km de Monza en 1967 et qui finit troisième aux 24H du Mans de la même année. Une édition où l'on a aussi vu ce camion Fiat Bartoletti Type 642 RN2 déposer 0858, si bien que l'organisation du salon a choisit de reproduire la photo d'époque de ce duo.
Autre beauté de chez Ferrari, une 250 GT SWB, plus précisément 2209GT, une merveille qui appartenait à Jo Schlesser et avec laquelle il courait en GT. |
Restons dans les Italiennes avec une Ermini 1100 Sport ainsi qu'une Maserati Tipo 63, la seconde Tipo du salon. Il s'agit du châssis 006, monté avec un moteur central arrière, depuis que le moteur original a été transplanté en 1961 dans un bateau de course après un accident aux 12H de Sebring 1961 alors que Moss, Casner et Gregory s'en partageaient le volant. La voiture était si mauvaise que les pilotes refusèrent de la piloter à nouveau qu'elle ne participa qu'à une seule course. Par la suite restaurée, la voiture est présentée dans ses couleurs Camoradi. Toujours sur le même stand, on aperçoit une rare Bizarrini 2300 Strada ainsi qu'une Alfa-Romeo 6C 2500 SS Cabriolet.
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Sur le stand Klassische Automobile Jan B. Lühn, les autos de course s'entassent, avec au centre, une 904 GTS, il s'agit du châssis 054. Cette dernière a été livrée neuve en Allemagne en 1964, année qui la voit évoluer en compétition, ce, avec de très corrects résultats. Nous pouvons trouver à ses côtés une Mazda 767B, à ne pas confondre avec la fameuse 787B qui gagna le Mans en 1991. Autre prototype présent sur le stand, une Lancia LC2/84 en livrée Martini. Enfin, on trouve une superbe Porsche 908/2, le châssis 018, vainqueur à Watkins Glen en 1969.
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Sur le fameux stand Lukas Hüni qui adopte une configuration semblable à l'année passée, on trouve trois belles Italiennes, notamment la toute dernière Ferrari 250 GT Lusso produite, c'est-à-dire le châssis 5955. Mais aussi et surtout 5995, la fameuse Ferrari 250 LM Stradale, une auto sortie de chez Maranello en 1964 qui connu les circuits dans un premier temps avec notamment une belle seconde place à Mugello en 1965, puis qui adopta une configuration "Stradale" en 1967 avec une vitre arrière, des vitres électriques, une climatisation etc... Elle est aujourd'hui présentée dans la couleur qu'elle adopta en 1997 aux mains du français Jean-Jacques Bally. Une 275 GTB clos ce trio de Ferrari.
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Il y a beaucoup à dire pour les suivantes, toujours sur le stand Lukas Hüni. Commençons avec les vertes, les Aston-Martin. La première est une DBR4, une auto conçue pour le championnat du monde de Formule 1 1958 mais qui finalement ne fut engagée qu'à quatre courses lors de la saison 1959. Ici, nous sommes en présence de DBR4/4, c'est à dire d'un châssis qui ne participa à aucune course en Formule 1, étant auto de réserve. La seconde est une DB3S, le neuvième châssis pour être précis, il s'agit donc de la voiture qui s'adjugea la deuxième place des 24H du Mans 1956 aux mains de Moss et de Collins derrière l'imbattable Type-D pilotée par Sanderson et Flockhart. Néanmoins, DB3S/9 emporta la victoire avec Moss à Outlon Park et une autre belle deuxième place à Goodwood avec Salvadori la même année. Celle qui lui succède en course est placée ici juste derrière elle, une DBR1, la fameuse DBR1. Nous sommes donc en présence de DBR1/1, celle qui finit 15ème au Mans en 1956 et qui gagna les 1000km du Nürburgring en 1958. Enfin, retournons en France avec cette Bugatti Type 35 C, le châssis 4871, une auto n'ayant jamais été restaurée depuis 1928.
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Le stand Lukas Hüni est en réalité en deux parties avec une d'elles consacrée exclusivement à Lancia. Mon cœur penche d'abord vers cette D24 Competition Barchetta l'une des deux survivantes. Il s'agit du châssis 0005, une auto qui a gagné en 1954: la Targa Florio aux mains de Taruffi; le Grand Prix de Porto avec Villoresi et qui finit deuxième à Sebring la même année pilotée par Fangio et Castelotti. C'est dire si cette barquette est une pièce historique. Je repère aussi cette rare Lancia Lambda Torpedo de 1924 ainsi que cette classique mais toujours aussi impressionnante Stratos HF.
Encore une fois, un stand qui reste parmi les plus qualitatifs du salon et qui rend un bel hommage à Lancia, une marque qui tend malheureusement à périr. |
Proche de la Miura vert anglais, on trouve une superbe Porsche 911 Carrera 2.7 RS dans la configuration qui à mon goût lui sied le mieux, jaune, bande carrera noire et fuchs bi-ton. D'ailleurs parlons configuration avec une 300SL dans une couleur peu banale que je qualifierais de saumon, néanmoins, ce n'en est pas si déplaisant à l’œil, de même que l'étonnante bleu céruléen qui se trouve derrière. Pour une fois que l'on voit des 300SL qui ne sont grises...
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Voici celle qui est pour moi l'une des plus belles autos existantes, une Alfa-Romeo Giulia TZ2 Zagato. Néanmoins, il s'agirait du châssis 750115, c'est à dire d'une auto datée de 1984 et qui aurait été fabriquée spécialement pour le musée Alfa-Roméo, dommage. Sur un stand dédié aux gloires du Dakar des années 80, la belle époque de cette course, je remarque surtout cette Peugeot 205 T16 Grand Raid, gagnante de l'édition 1987 avec Vatanen et Giroux. Enfin, j'avoue beaucoup aimer cette Bucciali qui tristement s'avère être une reconstruction...
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Au détour d'une allée, je tombe sur cette 512BB LM, le châssis 27577 appartenant aujourd'hui à Nick Mason, elle compte à son actif deux participations aux 24H du Mans en 1979 et 1980 atteignant respectivement les douzième et vingt-troisième places. Je me retrouve ensuite sur le stand d'Equipe Europe, face à une 365 GTB/4 Daytona Competizione, le châssis 16717, celui qui se classa douzième lors des 24H du Mans 1975.
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Toujours sur le Stand d'Equipe Europe, on a droit à trois merveilleux prototypes des années 80/90. A commencer par une Mercedes-Benz C11, le premier châssis construit. Bien que n'ayant jamais été engagée en course, 89-00 a connu des kilomètres de tests avec à son volant Schumacher, Mass ou Schlesser. Récemment libérée des réserves de Peugeot cette 905 châssis EV 1.4 est celle victorieuse à Suzuka en 1991 et dauphine à Magny-Cours et Mexico la même année. Elle dut abandonné cette même saison au Mans sur casse moteur. De violet vêtue, la Jaguar XJR-14 châssis 591 a contribué à la victoire de Jaguar face à Peugeot au Championnat du Monde des Voituresd de Sport 1991 en remportant les 430 kilomètres de Monza. Enfin, on retrouve une Lancia Stratos Gr. IV déjà vue l'an passé.
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Nous voici arrivés à l'exposition des voitures de maharadjas chère à cette édition 2014 de Rétromobile. Commençons avec une auto qui reste pour moi parmi les plus belles du monde, une Delahaye 135 M Figoni & Falaschi Roadster de 1938. Une voiture aujourd'hui, membre de la collection Mullin après avoir été retrouvée en 1982 sur cale dans un abris de jardin indien.
Aussi présentée, cette Rolls-Royce Phantom I-17 EX se voulait plus sportive que les Bentley. |
Dans un tout autre style, on a droit à la Brooke Swan, véritable étrangeté sur base de Brooke 30HP commandée en 1910 par un ingénieur écossais résidant à Calcutta. L'auto peut cracher de l'eau chaude, ou même larguer du plâtre. Elle fut ensuite achetée par un Maharadja qui en fit une miniature électrique pour se déplacer dans son domaine, la Cygnet (ça vous rappelle quelque-chose ?). Plus sobre et plus à mon gout, nous trouvons une Humber Snipe Pullman Landaulet de 1934 bien conservée, une Rolls-Royce Phantom III mais aussi une Mercedes-Benz SS ayant participé au salon de Paris 1930, au salon de Berlin 1931 avant de partir pour l'Inde et être ensuite rapatriée vers le Musée Mercedes de Stuttgart.
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Véritable œuvre d'art que cette Alfa-Romeo RL Super Sport de 1926 qui porte sur elle une carrosserie en aluminium martelée par Castagna dont on peut encore admirer tout le travail et le savoir faire. Toute aussi nue, cette Rolls-Royce Phantom I de 1924 ne se présente pas sous une carrosserie martelée mais polie.
Je reste admiratif devant ces voitures sans peintures car elles ne laisse pas la moindre place au mastic, témoignant alors d'un travail énorme. |
C'est ainsi que se termine pour moi cette édition 2014 du salon Rétromobile qui encore une fois nous a éblouit par sa qualité liée à la quantité des voitures exposées. D'ailleurs, je me permets une remarque sur cette même quantité, peut-être trop importante, ayant pour conséquence de coller les voitures les unes aux autres, empêchant la vue entière de certaines d'entre-elles. Autre remarque que beaucoup de gens, simples visiteurs de ce salon, m'ont fait à son propos, sa tendance à devenir trop "riche", à présenter un grand nombre de véhicules à vendre, ou déjà vendus, ce, à des prix exorbitants, faisant finalement passer ce salon pour le supermarché des millionnaires.
Néanmoins, Rétromobile reste fidèle à lui-même, un salon concentrant les plus beaux bijoux automobiles du monde au sein de la capitale française, ce, pendant une semaine. Vivement 2015.
Néanmoins, Rétromobile reste fidèle à lui-même, un salon concentrant les plus beaux bijoux automobiles du monde au sein de la capitale française, ce, pendant une semaine. Vivement 2015.
Loïc MASCHI